Nous n’oublierons jamais notre première aube à Waiotahi dans la Bay of Plenty. Des oiseaux que nous n’avions jamais entendus s’égosillaient dans le verger sur lequel donnait notre chambre. C’était idyllique. Cynthia, une amie, nous apprit qu’il s’agissait de tuis et de bellbirds, des oiseaux que l’on ne trouve qu’en Nouvelle-Zélande (on dit : endémiques).
Au fil du voyage, nous avons appris pas mal de choses sur la faune d’ici, et curieusement, presque plus dans les musées et les parcs animaliers que dans nature, car beaucoup d’espèces sont devenues très rares et demandent protection, d’autres ayant même été exterminées.
D’autres encore ont été importées, ce qui est perturbant et oblige l’observateur qui veut comprendre un tant soit peu ce monde des oiseaux à classer ceux-ci dans de nombreuses catégories comme les espèces éteintes, les espèces endémiques et préservées car en danger d’extinction, les espèces endémiques mais relativement courantes (parfois seulement dans quelques lieux) et puis bien entendu les espèces non endémiques, venues d’elles-mêmes ou importées par l’homme (les Maoris, mais surtout les Européens que les Maoris appellent Pakehas).
Notre but ici n’est pas de faire un tableau exhaustif de la situation des oiseaux sur ces îles qui furent longtemps préservées de la présence humaine (mais pas assez longtemps cependant, au vu de l’état catastrophique de l’environnement et du nombre d’espèces déjà éteintes ou en voie de l’être), non, notre intention est seulement de vous montrer quelques oiseaux rencontrés au fil des douze semaines passées sur place. Ces rencontres nous ont toujours ravi.
A noter que nous n’avions pas de matériel photographique sophistiqué ni des puissants téléobjectifs. Nous réclamons donc votre compréhension dans ce chapitre consacré aux plus touchants amis de l’homme. Nous devons aussi regretter de n’avoir pu photographier le fantail et le bellbird, tous deux endémiques et courants, mais trop véloces pour notre matériel.
Il y a bien de quoi pleurer quand on pense au paradis que fut ce monde où les oiseaux égayaient le bush avant l'arrivée de l'homme. Ici, la métaphore d'un takahe que l'on réconforte tant il se sent seul au monde.
La liste des oiseaux disparus est longue. On la trouve au Te Papa Museum de Wellington. J'ai une pensée particulière pour le huia, exterminé pour ses plumes malgré les demandes des Maoris pour qu'on protège ce si bel oiseau et les efforts de Lord Onslow qui fut un des premiers défenseurs des oiseaux natifs de son pays.
Squelette de moa au musée de Whanganui. Il faut dire que certaines sous-espèces de cet oiseau immense mais sans ailes avaient déjà disparu avant l'arrivé des hommes, il y a moins d'un millénaire.
Le kiwi, l'oiseau emblématique du pays, est lui aussi en danger de disparaître. Partagé en cinq sous-espèces, il en reste sans doute en tout moins de 60.000 (42.250 pour être précis). Celui-ci reçoit des soins attentifs au Mount Bruce Wildlife Center.
Dans ce même centre on trouve aussi le seul kiwi blanc au monde. Il valait bien cette (mauvaise) photo prise sans flash dans des conditions de très faible lumière (puisque le kiwi vit la nuit).
Le kokako de l'île du nord. Endémique donc. Il en reste 2000. Celui-ci est captif. Le kokako de l'île du sud (une autre sous-espèce donc), encore abondant du temps de Cook a, lui, totalement disparu. Eradiqué par l'homme. Si vous voulez entendre ce que fut son son chant il vous faudra vous rendre au musée provincial de Nelson où celui-ci a été reconstitué. Vous pleurerez peut-être.
Endémique mais commun, le tui. Un oiseau qui se régale du nectar des fleurs comme le bellbird qui chante encore mieux que lui (mais que nous n'avons pu capturer sur la pellicule).
Le weka. Endémique mais devenu rare. Il ne vole pas. On le trouve encore dans la région d'Opotiki (île du nord) et de Motueka (île du sud).
Le merle (blackbird). Introduit. Fort semblable au nôtre, avec un oeil peut-être un plus malicieux encore. Le chant territorial du mâle est là aussi un régal.
Oiseau des rivières, le pied shag n'est pas aimé des pêcheurs avec lesquels il entre en concurrence. On le rencontre aussi ailleurs dans le monde, où il serait moins menacé.
Le cacatoès Gege et son maître, un ancien marin retiré au milieu de nulle part et qui se souvient bien d'Anvers et des bars de la Skippers straat au temps de sa jeunesse... Une rencontre touchante et qui nous fit constater une fois encore que ce monde est petit!